Sunday 20 February 2011

Co-écriture : "Les Dessous de Mangeurs d'Ames : Aymie et l'Ogre" - Partie 1

Vous ne connaissez pas MA ? C'est par là -> www.paulinastrage.com (Blog de l'Auteur)
Par contre, je tiens à me vanter d'être probablement à l'origine de 5/6 des mots de 5 syllabes et plus.

PETIT RESUME A TITRE INDICATIF :
Vénus, 2006. Hejie, mangeur d'âmes, et Guerdebongue, sorcier, vivent à Kartacsie, une ville au nord de la planète. Mais leur lien de parenté avec le duc de Kartacsie va les transporter dans de nombreuses aventures abracadabrantes et loufoques, et les faire voyager entre périples galactiques, rencontres surprenantes, magie et humour. 


Aymie Charkstone s’avéra être un parfait bon à rien. Personne ne voulait de cet apprenti, et tout le monde était exaspéré de voir que ce petit bleu désordonnait à lui seul toute l’armée kartacsienne.
D’après ce que l’on disait, il était issu d’une fratrie de 17 enfants (dont 16 filles, toutes plus âgées). Il serait le fils d’une poissonnière et d’un pêcheur. Comme vous pouvez le constater, ce n’était pas une famille très catholique.
Toujours selon les dires, il aurait passé quelques années dans le célèbre manoir de Belgonde, afin de s’initier aux arcanes de la sorcellerie.
Et d’après ses propres dires, on lui aurait même enseigné l’art de se métamorphoser en dragon-sauterelle ! … Mais pour le coup, personne ne le croyait.
Suite à un désastreux malentendu (à moins qu’il ne s’agisse en réalité d’un malheureux désaccord), le Duc Longabourke l’intégra à l’équipe de ramassage des ordures de la ville, alors qu’il avait 10 ans.
Le chaos et la désolation s’abattirent alors sur les rues de Kartacsie. Après avoir rejoint à ses dépends une bande de petites frappes et de dealers qui le surnommèrent « le Chevalier de l’Apocalypse », et suite à de nombreuses supplications de la part de la population, le Duc se résigna à l’affecter à une autre unité.
C’est ainsi qu’il rejoignit le détachement du lieutenant Camille Kazz, en charge des missions suicide entrant dans le cadre de la politique extra-territoriale de la région de Kartacsie. Parachuté par une belle nuit de Ferindaï au milieu d’une forêt lugubre (et humide) de la région de Ridbeug, il ne donna aucun signe de vie jusqu’au jour où il réapparu, courant à perdre haleine vers la muraille de la cité de Kartacsie, poursuivi par une horde déchaînée de kobolds affamés, qui dévorèrent toutes les récoltes, provoquant une des plus grandes crises économiques de l’histoire de la ville.
Nul ne sait comment Aymie s’en est sorti, étant donné qu’on lui avait claqué la Porte Principale au nez dès que l’on vit l’essaim surexcité qui le pourchassait sans relâche.
Éberlué par cette chance inouïe, le Duc Longabourke lui accorda une troisième chance en l’intégrant à la Globrista, la Glorieuse Brigade de Stationnement.
C’est ainsi qu’il se mit à poser des contraventions sur des carrioles, et c’est là que nous le retrouvons…

AYMIE ET L’OGRE

UNE NOUVELLE DE
PAULINA STRANGE ET THE ROB

AVEC AYMIE CHARKSTONE ET MORPEUG L’OGRE
DANS LEURS PROPRES RÔLES

Les membres de la Globrista se pavanaient comme des coqs aux milieu des charrettes boueuses, bombant le torse et distribuant à tour de bras des contraventions plus ou moins justifiées.
La plupart des membres de cette équipée avaient saisi au pied de la lettre et (infortunément) au premier degré la déclaration ironique que leur avait tenue leur chef de patrouille : « Avec une équipe aussi brillante, on va en sauver des vies ! ». C’était pour cela que la moindre infraction se transformait en cas d’école.
« Eh, vous ! Vous avez une décharge pour boire au volant ? »
Un des membres expérimentés de l’équipe s’approcha de l’homme, adossé à sa carriole.
« Mais m’sieur l’agent, mon véhicule est stationné dans les règles de l’art ! Et je suis même pas dedans ! … Et en plus, c’est de la grenadine !
- J’veux pas l’savoir ! J’vais vous coller un PV !
- Quoi ?! Mais c’est totalement injustifié !
- Aha ! Refus d’obtempérer ! Toi, mon p’tit gars, tu vas avoir des problèmes ! Allez, on l’embarque ! »
Tandis que l’homme se débattait hurlant à « l’erreur judiciaire », Aymie Charkstone, allongé dans la poussière, vit sa première impression se confirmer.
« Chef, Y’a çui-là qui a sa roue qui dépasse sur l’trottoir. J’lui met quoi ?
- Boah, fit le chef, 10′000 Piensetan d’or. Et si c’est plus de deux centimètres cinq, c’est six mois au trou en prime ! Faut pas se laisser faire par de tels dangers publics, mon p’tit gars ! Retiens bien ça et t’iras loin ! »
Pendant ce temps, deux autres membres de l’équipe vérifiaient l’alignement d’une carriole semi-décapotable à l’aide d’une lentille de calcul géométrique.
« Alors ? interrogea l’un.
-Tiptop ! déclara l’autre, pouce en l’air et clin d’œil à l’appui.
[Note des auteurs : « Tiptop », expression favorite des éboueurs et des contractuels, le plus souvent utilisée pour exprimer son contentement]
- Eh, s’exclama l’un des contractuels, v’nez voir ! »
Tous les autres accoururent et poussèrent un « Oooooh » général.
Aymie ne parvenait pas à s’imaginer qu’on puisse se garer aussi mal. D’ailleurs, aucun membre de l’équipe ne pensait qu’un tel exploit puisse être réalisé.
L’immense chariot avait une roue sur le trottoir, ou plutôt sur une poubelle qu’il avait renversée au passage puis écrasée. Le contenu de celle-ci s’était déversé dans le caniveau rempli d’une eau verdâtre qui s’échappait d’un abreuvoir à chevaux qu’il avait éventré avec deux de ses roues. La dernière, suspendue dans les airs, tournait inlassablement dans le vide en grinçant d’une façon sinistre. Les chevaux, terrifiés, semblaient avoir du mal à se remettre de leurs émotions. On avait du mal à déterminer si le propriétaire avait eu un accident mortel ou bien s’il s’était juste garé avec insouciance.
Mais leur chef leur ayant enseigné qu’il n’y avait pas d’accident, mais uniquement de mauvaises façons de se garer, les contractuels s’approchèrent en dégainant leur carnet de contraventions, et en essayant de calculer le montant de l’inévitable procès verbal.
« Moi j’dirais un million de Piensetan d’or, au bas mot !
- Pas ouf ? Ça mérite au moins la prison à perpét’, une orgie pareille.
- Non, mais vous êtes trop sympas les mecs, là, j’vous r’connais plus là, s’exaspéra le chef.
- Moi j’propose… LA MORT !!
- Ouais ! Par crucifixion !
- Et on lui fait porter lui-même sa croix !
- Ouaaaaiiis !
- Géant !
- Tiptop !
- Mouaif, non, grogna le chef. Faut pas non plus pousser, on est pas des sauvages… »
La voix d’Aymie s’éleva au milieu d’une symphonie de marmonnements désapprobateurs.
« Et si on mettait les deux ?
- Les deux quoi ? demanda le chef, interloqué.
- Baaaah… Un million de Piensetan d’or et la prison à perpétuité… »
Un long silence s’ensuivit, puis le chef partit d’un grand rire.
« Pas mal, gamin ! Tu apprends vite ! Bah tu sais quoi ? C’est toi qui vas la dresser, cette contravention ! »
Aymie soupira et sortit d’un geste vif un stylo, puis hésita. Par où commencer ?
Il commença à remplir copieusement le petit papier vert, quand soudain, une ombre menaçante envahit une grande partie de la rue. Les passant se mirent à hurler et à courir dans tous les sens. A l’exception d’Aymie, tous les membres de la Globrista se retournèrent, levèrent les yeux, et devinrent aussi pâles que des fantômes.
« Euh… Chef ?
- On fait quoi ?
- ON COUUUURT !! » s’époumona le chef en prenant ses jambes à son cou.
Tous les membres de la brigade s’éparpillèrent en piaillant.
« Et voilà ! » s’exclama Aymie, satisfait.
Il arracha le papier vert de son carnet, le brandit fièrement et se retourna, le sourire au lèvres.
« Regardez, chef ! J’ai… »
Il se pétrifia, puis leva lentement les yeux, la bouche grande ouverte.
« Euuuh… bégaya-t-il. V… vous êtes le… propriétaire du véhicule ? »